Quatres questions posées à Gilles Desthieux, professeur associé HES (Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale).
Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le projet G2 Solaire en quelques mots ?
L’objectif du projet G2-SOLAIRE soutenu par le programme INTERREG V France-Suisse 2014-2020 est de déployer le cadastre solaire genevois à l’échelle du Grand Genève, d’intensifier l’usage de l’énergie solaire, et contribuer in fine à atteindre les objectifs de transition énergétique dans un contexte de densification urbaine.
Le Projet est articulé autour de deux volets :
- Un volet technique associant des laboratoires de recherche français et suisse permettant d’élaborer un cadastre solaire à la pointe de l’innovation sur toute la région du Grand Genève (2’000 km2), et offrant des données fiables et précises à l’échelle du bâtiment.
- Un volet institutionnel et politique visant à disséminer le cadastre solaire et faciliter son appropriation auprès de tous les acteurs concernés – élus, administrations publiques, fournisseurs d’énergie, investisseurs, professionnels de la branche, société civile, particuliers.
Le cadastre solaire qui sera produit offrira un potentiel solaire effectif sur l’agglomération tenant compte, non seulement du potentiel solaire incident sur le territoire, mais aussi des opportunités d’autoconsommation de l’énergie produite selon les réglementations en vigueur et modèles économiques, des enjeux comme le patrimoine et d’autres. Au final le projet restituera le cadastre solaire via une plateforme Web aux différents groupes d’acteurs cibles et offrira des conditions cadres pour appuyer les opérateurs énergétiques en vue d’intensifier la production d’énergie solaire sur l’agglomération.
Comment le projet G2 Solaire a vu le jour ?
Le projet G2 Solaire fait premièrement suite au développement du cadastre solaire genevois entre 2011 et 2016 en plusieurs étapes, dans le cadre d’un partenariat historique entre HEPIA, l’Etat de Genève (Office cantonal de l’énergie) et les Services industriels genevois. L’énergie constitue un enjeu prépondérant du développement territorial du Grand Genève.
Il existe plusieurs projets communs portant en particulier sur la géothermie et sur le développement de réseaux thermiques. Il est évident aussi aujourd’hui que l’énergie solaire constitue un levier central de la transition énergétique. Un cadastre solaire constitue un support d’information et de sensibilisation très utile pour mobiliser les acteurs.
Ainsi, au moment où la question est venue de mettre à jour à nouveau le cadastre solaire genevois, les institutions du Grand Genève ont vu une réelle opportunité de pouvoir étendre le cadastre à l’agglomération en vue de sensibiliser et mobiliser les acteurs dans la région et d’intensifier la production solaire sur les bâtiments.
Dans quelle mesure le cadre du programme Interreg vous a permis de mobiliser des partenaires privés et publics et de mener à bien votre projet ?
Pour mener à bien l’élaboration du cadastre solaire il a fallu mobiliser un grand nombre d’acteurs provenant de différents milieux, et réaliser de front des actions portant les volets techniques, politiques, de communication et de formation : institutionnels, académiques , associatifs, privés.
Des partenariats au niveau international sont également établis. Les chefs de file suisse (HEPIA) et français (USMB) participent au Task 63 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dont la thématique est « Solar Neighbordhood Planning » et dont le but est de fédérer les actions de recherche et de démonstration entre des chercheurs au niveau international (rencontres d’échange biannuels). Enfin, des contacts sont établis avec le Norwegian University of Science and Technology (NTNU) à Trondheim en vue d’y développer un cadastre solaire et partager notre expertise.
Quelles sont les actions entreprises pour assurer la mise en place et le déploiement de cette plateforme collaborative ?
Le projet G2 Solaire se matérialise tout d’abord par la mise en place d’un cadastre solaire et d’une plateforme Web (https://sitg-lab.ch/solaire/) cartographiant sur toute le territoire de l’agglomération le potentiel de production solaire. Cette plateforme mobilise ainsi la collaboration entre les partenaires académiques pour son développement et les autres partenaires pour sa diffusion et valorisation.
Un autre point de rencontre entre les partenaires est le fait de travailler ensemble sur des quartiers pilotes dans les différentes entités de la région (France, Genève, Région de Nyon) et représentatifs de différents contextes : projet de construction neuve, quartiers existants avec ou sans contraintes patrimoniales. Les partenaires analysent ainsi ensemble, en s’appuyant sur le cadastre solaire, les conditions et opportunités de développement du solaire dans ces quartiers, traitant les volets techniques et politiques, avec pour résultat de faciliter le développement de nouvelles installations solaires.
Enfin, dans le cadre d’un partenariat entre HEPIA, l’USMB et l’UNIGE, la chaire d’innovations transfrontalières sur l’efficacité énergétique est a été mise en place et porte sur des actions communes de formation et de recherche. Elle constituera un cadre pour valoriser et pérenniser les développements mis en œuvre dans G2 Solaire.